La guérilla médiatique vue de l’intérieur

L’insoumise Raquel Garrido, désormais chroniqueuse des Terriens du Dimanche sur C8, publie son « Manuel de guérilla médiatique » (Edition Michel Lafon).

Pourquoi avoir écrit ce livre ?

Je voulais clore une période de ma vie que j’ai consacrée à m’immiscer dans la frénésie des chaînes d’info. Pour arriver à y faire ma place, j’ai dû l’observer, m’adapter à ses règles et à ses codes : mon expérience est une source d’information utile aux citoyens.

Je reviens sur les attaques que j’ai subies à coups de fausses informations. J’ai voulu comprendre les processus qui peuvent conduire à un tel manque de déontologie dans le traitement de l’information. J’ai découvert un système qui conduit à la précipitation : réduction des moyens, sensationnalisme… Cette logique est poussée à son paroxysme par l’émergence de la « délégation d’édition », où des algorithmes sélectionnent les sujets et des rédacteurs marketing se contentent de mettre en forme. Cela pousse les médias à remplacer les journalistes par des éditorialistes. Ces derniers ne font pas d’enquêtes, ne coûtent pas cher, sont convocables à tout instant, ils se contentent d’émettre une opinion tranchée.

En constatant par exemple les audiences des auditions de l’affaire Benalla, je réfute la thèse de l’apathie générale sur les questions politiques. Mais pour toucher ce public plus large, il faut sortir du cadre des émissions politiques s’adressant à des « hyper citoyens ». C’est ce que je fais en obligeant des émissions de divertissement à accepter une insoumise !

Vous consacrez un chapitre à la proposition de création d’un Conseil de déontologie journalistique portée par Jean-Luc Mélenchon.

J’ai voulu renforcer cette proposition. Depuis, le gouvernement a annoncé une mission sur la création d’un tel conseil. Une victoire ! Reste à savoir ce qu’ils vont faire. Comment sera-t-il composé, financé ? Quel pouvoir de sanction aura-t-il ? La bataille politique commence maintenant, et je l’alimente par des propositions et des exemples concrets à l’international.

En définitive, à qui s’adresse ce livre ?

Il s’adresse à un public très large, j’ai voulu qu’il soit très accessible. Les militants seront intéressés par le récit de mon engagement total dans la bataille médiatique tandis que mon public d’aujourd’hui aimera la forme parfois autobiographique et le récit de cette transition de la politique vers la télévision. Enfin, je souhaite que des journalistes comprennent l’importance d’une alliance entre auditeurs, téléspectateurs, lecteurs et journalistes pour une information de qualité, salutaire pour leur profession.

Propos recueillis par Adrien Siffermann

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