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Une journée fondatrice

A quoi sert la politique ? Il faut en avoir fait son métier pour ne pas se poser cette question rendue si brûlante par le spectacle désolant de cette Cinquième République dépolitisée et marchandisée. Les républicains authentiques apportent à cette question une réponse singulière. En République, la démocratie ne doit pas simplement arbitrer entre des intérêts particuliers par le jeu de la concurrence libre et non faussée des opinions. Elle doit viser l’intérêt général. Celui-ci n’est pas une somme, même majoritaire, d’intérêts particuliers. Sinon il ne serait que la conjonction d’égoïsmes la plus nombreuse et influente. En quoi la force du nombre lui donnerait-elle le droit de s’imposer à chacun de nous ! Formuler l’intérêt général c’est s’arracher aux déterminismes étroits qui nous rétrécissent. Cet objectif est bien plus ambitieux. Il exige beaucoup des institutions comme de nous, citoyens. Mais lui seul est capable de nous émanciper de l’horizon borné d’un modèle de production et de consommation qui remet en cause la vie à long terme de l’humanité.

L’écosocialisme auquel nous avons consacré ces passionnantes Assises n’est donc pas en premier lieu une nouvelle définition de l’identité du Parti de Gauche. C’est notre contribution à la défense de l’intérêt général humain. C’est notre réponse à la catastrophe écologique produite par le capitalisme. L’écosocialisme prend racine dans les grands équilibres de l’écosystème humain dont tous les scientifiques admettent aujourd’hui qu’ils sont en péril. Il veut déboucher sur une action rapide. Les experts du réchauffement global sont formels. Le processus de changement climatique produit par les gaz à effet de serre émis chaque jour est déjà irréversible. Il deviendra demain incontrôlable. Pas après-demain, pas à long terme, pas seulement à l’échelle géologique mais dès demain, à moyen terme, à l’échelle humaine d’une génération. Le temps nous est donc compté pour comprendre et agir.

Les atteintes à l’écosystème qui permet la vie humaine ne datent pas du néolithique. Elles sont contemporaines de l’avènement du capitalisme et se sont aggravées à mesure que se développait l’accumulation capitaliste. Rien de surprenant à cela. Qu’est-ce qu’un capitaliste ? C’est le détenteur d’un capital, qui achète avec ce dernier des marchandises diverses et les revend ensuite, éventuellement combinées ou déplacées, contre un capital plus élevé. Le capitalisme repose entièrement sur l’augmentation enregistrée entre la valeur du capital initial et celle du capital final, qu’on l’appelle rentabilité, profit, ou compétitivité. Peu lui importe le bien produit en cours de route, son utilité et les conditions concrètes dans lesquelles il a été produit. Ce bien n’existe qu’en tant que valeur d’échange support de plus-value pour le capital. C’est pourquoi le capitalisme est à la fois indifférent à la valeur d’usage des productions (leur utilité) et absolument dépendant d’une croissance infinie de la production qui ignore les ressources finies de la planète. Et qu’à l’inverse le socialisme doit assurer la primauté de la valeur d’usage et inventer un mode de développement compatible avec l’écosystème.

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