Le Pen KO, continuons le boulot

Le principal bénéfice du débat qui a vu lundi dernier Jean-Luc Mélenchon essorer Marine Le Pen est de redonner confiance à ceux qui se sentaient intimidés voire accablés par la sucess-story médiatique de la dame. Elle est moderne, si différente de son père, tellement redoutable, irré-sis-tible disaient les commentateurs. Eh bien non ! Cette émission la montre en difficulté, renvoyée à son seul discours traditionnel d’extrême-droite, dérisoire diversion au service des riches et des puissants.

Ce n’est pas si difficile de ne pas se laisser enfumer par le bobard de la dynamique fracassante que produirait Marine Le Pen. Mais il faut au minimum vérifier la réalité de ses résultats électoraux (en baisse) ou l’évolution du nombre d’adhérents dans son parti. Hélas pour beaucoup de médias seule sa stratégie de communication importe car pour eux tout est comm’. Flattés dans leur vanité par le fait qu’elle déclare publiquement chercher à séduire les journalistes après que son père les aient méprisés, ils lui donnent tout le crédit qu’elle attend d’eux. Certes quelques bien-pensants tentent de réactiver contre elle la diabolisation qu’ils ont usée -­ jusqu’à la corde - contre son père. Mais aucune de ces maladroites fléchettes ne peut l’atteindre. C’est une femme, elle n’a pas le passé de son père, même si elle en partage les convictions. Ensuite voilà les Huchon et autres Plantu qui apportent leur coup de main. En la qualifiant de populiste, ils font croire qu’elle serait du côté du peuple et accréditent les bobards du FN selon lesquels celui-ci serait un parti ouvrier alors que seuls 6% des ouvriers ont voté pour lui au plus haut de la vague. Puis ils la mettent sur le même plan que Jean-Luc Mélenchon, qu’Huchon considère même comme étant pire que Le Pen. Pour diaboliser le Front de Gauche, ils banalisent le Front national et confondent dans une même injure des programmes politiques qui n’ont rien en commun. Enfin, comme si tous ces tireurs dans le dos ne suffisaient pas, arrivent les dirigeants du PS qui plus d’un an avant la présidentielle annoncent Marine Le Pen au second tour pour interdire aux autres forces de gauche de présenter des candidats. Irresponsables ! Rien ne dit mieux à quel point Marine Le Pen est un diable de confort pour le système. Sur quelle base s’expriment ces Cassandre ? Les sondages ? Ces instruments sans cesse pris en défaut dans le passé n’ont aucune validité si longtemps avant le scrutin. Les réponses brutes des sondés sont redressées et le score de Marine Le Pen est multiplié par un coefficient de 1,6 ! Du coup c’est plus vendeur. Pourquoi pas 1,7 ou 1,8 ? Je vous fiche mon billet que le premier sondeur qui annoncerait Marine Le Pen au second tour serait aux anges d’avoir réussi un coup aussi fumeux.

Non, notre pays n’est pas davantage condamné au FN que la Tunisie et l’Égypte aux islamistes. Le peuple français n’est pas plus voué au fascisme que les peuples arabes seraient promis à l’intégrisme. On peut battre le Front national. Pour cela il faut une gauche sociale, écologiste, laïque, respectueuse du « non » des Français en 2005. La confusion à gauche nous fait tant de mal. La riposte ne peut faire mouche si l’on reste englué dans la soumission à la mondialisation d’un DSK, le naturalisme social de Joly qui compare la coexistence des communautés avec la diversité des espèces (voir sa tribune du 27/01 dans Libération), le sectarisme du NPA car en alliance avec le FDG nous aurions pu empêcher la réélection de Le Pen en PACA aux européennes.

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