Au-delà de l’urgence : un régime à la dérive

Au-delà du choc immédiat des attaques du 13 novembre, c’est désormais un devoir civique de s’interroger sur l’équilibre entre sécurité et liberté qui résulte des décisions du gouvernement. Avoir interdit quelques manifestations de rue dans la semaine qui a suivi les attentats n’était pas le plus grave. C’est la mise en cause de la liberté d’aller et venir de tous par l’incapacité de l’État à garantir la sûreté qui est la plus grande atteinte aux libertés fondamentales. En ce sens, toute mesure sécuritaire doit d’abord être examinée par rapport à l’objectif fixé de faire reculer la menace. Dès qu’une mesure sécuritaire s’éloigne de cet objectif, elle devient suspecte. Il en va ainsi de l’allongement dangereux de la durée de l’état d’urgence. La cruelle réalité libérale actuelle est que certaines libertés ne peuvent plus être garanties, non pas parce que l’État prendrait trop de place, mais parce qu’il est trop faible, notamment sur le plan judiciaire. Après dix ans de rabougrissement de l’État par Sarkozy puis Hollande, la République a perdu sur tous les tableaux : la sécurité de la population n’est pas garantie et les libertés reculent. Elles reculent d’autant plus que la liberté n’est pas qu’une affaire intérieure. Le potentiel de liberté future d’un peuple dépend aussi largement de sa capacité de Défense nationale. Là aussi Sarkozy et Hollande ont gravement abîmé la liberté des Français en amputant de manière irresponsable notre armée.

Portant déjà une lourde responsabilité historique dans le désarmement de l’État, Hollande aggrave son cas en détournant désormais la situation d’urgence pour poursuivre d’obscurs objectifs politiciens. Plusieurs indices le montrent. Valls avoue cyniquement la fragilité constitutionnelle de la loi renforçant l’état d’urgence une fois que le Parlement l’a votée. Macron le laborantin idéologique du gouvernement théorise que les attentats rendent encore plus nécessaire la mise aux normes libérales de l’économie. Et Hollande annonce qu’il faudrait changer la Constitution pour mieux affronter le terrorisme. Tout cela n’a aucun rapport avec l’efficacité de la lutte. Cela ne fait en réalité qu’amplifier la tendance lourde de la Vème République à avancer par coup de forces politiques. Son « coup d’État permanent » continue. Ce détournement politicien de la situation de détresse du pays par Hollande donne plus que jamais aux citoyens des raisons de tourner la page de ce régime à la dérive. Seule une 6ème République permettra de refonder un État fort et légitime. L’urgence constituante est donc désormais aussi une nécessité pour assurer sécurité et liberté.

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